Les Souvenirs

Quelque soit le moment de l’existence, nous semons des petits cailloux sur notre chemin, ce qui nous permet, après bien des années de revoir son parcours. Parmi eux, il y a les bons et les mauvais souvenirs, l’un et l’autre sont profondément ancrés dans notre mémoire, comme gravés dans le marbre. Les premiers nous font sourire, parfois même rire. En revanche les seconds nous plongent souvent dans un lac de nostalgie dont les profondeurs abyssales sont d’une tristesse incommensurable. Et lorsque l’on remue un peu ce fond, les larmes viennent nous embuer les yeux, les plongeant dans la vase de ce plan d’eau. On a coutume de dire « si c’était à refaire, je le referai… » mais cela c’est pour amuser la galerie et faire montre de détermination ou encore de bravoure, car le nombre de choses que l’on ne referait pas, ou alors de manière différente est absolument pléthorique ; surtout lorsque l’acte accompli, s’insère dans la vie de façon durable ou même à vie. Qui peut dire que la cigarette, par exemple, « si c’était à refaire je referai la même bêtise » ? celle qui est responsable, à cette heure, d’un cancer des poumons, qui, très probablement, va emmener dans les ténèbres sa victime bien plus tôt qu’il ne l’aurait souhaité.

Heureusement il y a les bons, ceux-là que l’on aime à ressasser, ceux qui rien qu’à l’évocation, transforment vos lèvres en forme de banane. Parfois, ils déclenchent même des larmes, des larmes d’émotion, des larmes de nostalgie…

Parmi ceux là, en tout premier, vient la naissance de son premier enfant, comment ne pas s’émouvoir à revoir les images de ce petit minois tout rouge, les yeux bouffis et fermés, entendre à nouveau ces pleurs, comme on écoute religieusement « Le Lac des cygnes » de Tchaïkovski ou « Le Beau Danube bleu » de Strauss ?

Puis, le présent vous rattrape et vous ramène à la réalité : douce pour certains et terriblement cruelle pour d’autres. Des douleurs physiques ou morales, ce ne sont pas des souvenances elles, elles sont bien présentes et vous font souffrir ; et ce sont ces souffrances qui parfois vous ramènent à vos « souvenirs »