Une rose en mon jardin
Une rose en mon jardin
Un matin une rose est apparue en mon jardin. Elle était belle ! et ses pétales embaumèrent ma vie d’un parfum bien connu que l’on nomme l’amour. Oh bien sûr, je ne pouvais le lui dire, la distance qui nous séparait nous limitait à des relations purement virtuelle. Mais elle était là, et chaque matin je lui envoyais des bisous emballés dans des papiers colorés et ornés de mots tendres et de cœurs en vadrouilles ; et chaque soir je la quittais avec ses bisous enrobés de souhaits de bonne nuit.
Puis un jour mon ciel s’assombrit, malmené par un mode de vie et une hygiène alimentaire, douteux, je sentis en moi la vie s’en aller. Ce n’était qu’une sensation et un sentiment bizarre nés d’une peur du vide post mortem, que le personnel de santé de l’hôpital se chargea de dissiper au plus vite. Une fois sorti d’affaire, on me transféra dans une clinique de rééducation où la vie était bien morne ; sans rien d’autre que la monotonie. Heureusement, chaque soir elle me rendait visite par téléphone portable interposé, transformant cette monotonie en moment de bonheur nappé de tendresses, c’était à chaque fois un moment de réconfort, qui m’aidait à passer des nuits dans des draps vert de l’espoir. Espoir d’une vie meilleure, espoir d’une santé retrouvée, espoir d’un virtuel amour mué en une véritable histoire d’amour en devenir. Puis, le temps a passé, essuyant sur nos vies ses insalubrités naturelles, presque normales, parmi lesquelles, une que l’on nomme l’usure. Usure que le piètre horticulteur que je suis, avec le peu de moyens qui sont les miens, ne put empêcher de devenir autre chose qu’une fatalité. Ainsi, jour après jour, soir après soir, je voyais ses pétales se détacher, sans que je puisse y remédier. La vie avait eu raison de ces espoirs un peu fou, d’un ultime amour ; celui dont on pense, avec raison bien souvent, qu’il sera le dernier.
Mes yeux se sont fermés dans cette nuit de l’oubli, une nuit au bout de laquelle il n’y aura ni aurore, ni aube, ni lendemain ; une nuit sans rêve. Et chaque matin désormais je regarderai avec nostalgie l’endroit où fleurissait cette « Rose en mon jardin ».
Jean-Pierre Emmanuel de Langlard
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